Le Voyageur des siècles (1971).

Ce feuilleton en noir et blanc en quatre épisodes, de Jean Dréville et Noël-Noël, avec Hervé Jolly et Robert Vattier, diffusé en août 1971, est demeuré invisible à la télévision durant près de 33 ans ! En gros, Philippe d'Audigné, aristocrate scientifique, inventeur d'un appareil permettant de voyager dans le temps, venu de 1981, se déplace d'abord jusqu'en 1885 où il cherche l'appui de son ancêtre, son grand oncle François d'Audigné. Ils remontent jusqu'à la veille de la Révolution où Philippe a le tort de tomber amoureux de sa propre aïeule, qu'il a confondue avec sa dame de compagnie. Voulant la sauver d'une mort sur l'échafaud de la Terreur, Philippe d'Audigné empêche la Révolution de 1789 et bouleverse le cours de l'Histoire, y compris technique et vestimentaire (automobile, téléphone, mode à l'espagnole). Napoléon n'est plus qu'un simple bonnetier.
Certes, ce feuilleton charmant manque de moyens, certes, il comprend quelques bourdes dans le scénario (la légère anticipation chronologique du boulangisme dès 1885, alors que le général Boulanger ne devint ministre de la guerre qu'en janvier 1886, le domestique qui reconnaît les héros après qu'ils aient rétabli le cours normal de l'Histoire, alors qu'ils n'ont désormais pas pu le rencontrer), mais c'est pour moi un mythe fondateur de ma propre oeuvre (dont on sent l'influence dans Le Nouvel Envol de l'Aigle). L'esprit français y règne, cette douceur de vivre dont parlait Talleyrand. Il y a une fameuse brochette de seconds rôles (Jean-Marie Proslier, Pierre Mirat, Roger Carel, Lucien Raimbourg, Guy Delorme, Robert Party), une jolie plaisanterie clin-d'oeil de Jean Dréville avec la participation en caméo de Michel Le Royer, reprenant le rôle de La Fayette qu'il avait illustré en 1961 pour le même réalisateur). J'ai rencontré Michel Le Royer en 2009 et je lui ai parlé de ce feuilleton dont il avait du mal à se souvenir. Aussi, n'oublions pas la musique pastiche XVIIIe siècle superbe de René Cloërec !